Dialogue, diplomatie et unité nationale : la stratégie congolaise expliquée par Patrick Muyaya

L’une des principales thématiques abordées fut la réaction officielle du Gouvernement à l’initiative proposée par l’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki dans la recherche d’une solution pacifique au conflit en RDC. 

Pour le Ministre Patrick Muyaya, cette démarche est jugée « mal placée » et inappropriée, car elle traduit une méconnaissance de la nature actuelle de la crise, caractérisée notamment par « l’agression du Rwanda et la gouvernance par le crime du M23 ». Le Gouvernement estime par conséquent que cette voie n’est ni crédible ni nécessaire.

Le Ministre a rappelé que Kinshasa suit déjà trois trajectoires complémentaires : le processus bilatéral avec le Rwanda, accompagné par Washington ; le processus parallèle de Doha ; ainsi que la concertation nationale et interconfessionnelle, qui a abouti à une feuille de route consensuelle. Dans cette logique, il a insisté sur le fait que la RDC ne ressent pas le besoin d’explorer d’autres pistes, particulièrement lorsqu’elles émanent de personnalités perçues comme partisanes.

Le discours gouvernemental a également mis l’accent sur la nécessité de préserver l’unité nationale et la cohésion sociale. Aucun représentant des institutions ni conseiller du président ne participera à des initiatives non validées par les mécanismes officiels. Les priorités restent clairement définies : consolider la paix, restaurer la sécurité et maintenir la cohésion entre les différentes composantes sociales et ethniques du pays.

Concernant les incidents récents à Uvira, liés aux obsèques d’un officier des Forces armées de la RDC (FARDC), le Ministre a appelé au calme et à la discipline. Il a rappelé que l’esprit Wazalendo doit être compris comme un patriotisme authentique et non comme une invitation au désordre. Selon lui, le véritable patriote est autant celui qui porte les armes pour défendre le territoire que celui qui contribue à préserver la paix, l’équilibre social et la diversité culturelle du pays. Une mise en garde a été adressée contre toute tentative d’infiltration de l’ennemi sous couvert de ce label.

Interrogé sur la proposition de dialogue formulée par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), Patrick Muyaya a indiqué que cette option n’était pas d’actualité. Il a rappelé que le chef de l’État avait déjà conduit des échanges avec les confessions religieuses et que ces discussions avaient permis de mettre en place une commission mixte chargée d’élaborer une feuille de route commune.

Sur le plan diplomatique, Patrick Muyaya a souligné les résultats significatifs obtenus grâce aux processus de Washington et de Doha. Le Rwanda a été publiquement reconnu comme pays agresseur, tandis que la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ont été réaffirmées. De plus, le droit du pays sur ses ressources naturelles a été inscrit dans la déclaration de principe relative à l’intégration économique régionale.

Il a par la suite sur la complémentarité des efforts internes et internationaux, affirmant que la conjugaison de ces dynamiques constituait la voie la plus solide vers une paix durable, la restauration de la paix et de la sécurité qui dépendront de la volonté commune de toutes les parties prenantes, tant internes qu’externes.